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Règles et sortes de lutte

1. Les luttes libre et gréco-romaine

Historique
La lutte est en soi aussi ancienne que l’histoire de l’homme. Conditionné par la lutte sévère pour la survie, l’homme avait appris dans les temps primitifs, à lutter de ses mains nues contre son ennemi naturel, l’animal sauvage. Il devait se confier entièrement à sa force physique et à son agilité pour s’emparer de la viande dont il avait besoin. Notre sport a toujours accompagné l’évolution de l’humanité. Elle a été pour tous les peuples un signe de puissance physique et de virilité, un moyen traditionnel d'augmenter la capacité de travail, la bonne santé et la combativité de la jeunesse.

Aucun pays ne peut prétendre avoir inventé la lutte. Cependant, c’est en Grèce qu’elle a été développée et si largement diffusée. Pour les grecs, les lutteurs étaient de véritables Dieux. La lutte était obligatoire pour les garçons dès l’âge de 7ans.

La lutte aujourd'hui
La lutte est pratiquée par plus de 200 millions de personnes à travers la planète. C’est un sport encore méconnu en Suisse mais qui commence tranquillement à se développer.

La lutte est un sport naturel et accessible à tous, étant donné que sa pratique n'implique pas un équipement particulier et des installations coûteuses. De plus, la répartition des lutteurs en catégories de poids offre à tous les concurrents, quel que soient leur corpulence et leur poids, la chance de se mesurer dans des conditions d'égalité.


Les règles
Ce sport de combat oppose deux adversaires de même catégorie de poids et d’âge. Ils combattent sur un tapis d’une douzaine de mètres de diamètre.  Un combat dure trois périodes de 2 minutes avec une pause de 30 secondes entre chaque rounds.

Le but de chaque lutteur est de parvenir à maintenir son combattant plus de trois secondes les épaules plaquées contre le tapis. Dans ce cas là, le combat s’arrête et  le lutteur ayant dominé son adversaire est déclaré vainqueur par l’arbitre.

Il y a également un système de point pour chaque prise effectuée allant de 1 à 5 points. Le lutteur qui parvient à obtenir six points de plus que son adversaire est déclaré vainqueur de la période. Celui qui gagne deux des trois rounds est déclaré gagnant du combat.

 Ces deux cas de figure se présentent très rarement plus le niveau augmente.  A haut niveau, le lutteur qui possède le plus de points techniques remporte la période. Celui qui gagne deux des trois rounds est déclaré gagnant du combat.


Les catégories de poids
Piccolo          6 à 9 ans                   de 17kg à 35kg

Jeunesse       10 à 13 ans                de 28kg à 60kg

Cadet           14 à 17 ans                de 38kg à 76kg

Junior           18 à 20 ans                de 50kg à 120kg

Actif            21 à … ans                 de 50kg à 120kg
Lutte libre
Ce style de lutte est pratiqué dans le monde entier et est le plus populaire. Les pays les plus représentés dans ce style sont la Russie et tous les pays de l’Est. Cette discipline autorise une très grande variété de prises, les athlètes peuvent utiliser leurs jambes et tenir leur adversaire au dessus et au dessous de la ceinture. Ainsi les techniques debout les plus courantes sont des attaques aux jambes.



Lutte gréco-romaine
La lutte Gréco romaine est une forme de lutte dans laquelle les lutteurs ne peuvent utiliser que leurs bras et ne peuvent attaquer que le haut du corps de leurs adversaires, contrairement à la lutte libre, où
ils peuvent aussi utiliser leurs jambes. Les combattants doivent porter
toutes leurs prises au-dessus de la ceinture. Croche-pied et plaquages
sont également interdits. Cette lutte est moins rapide et variée en général mais plus impressionnante car les prises sont beaucoup plus aériennes.








 

2. Lutte suisse
Historique
Dans l’histoire de nos jeux populaires suisses, la lutte à la culotte ou lutte suisse occupe la place d’honneur. C’est la discipline qui symbolise le mieux nos vertus nationales ; le courage et la force qui ont fait l’histoire de la confédération, le prestige de notre pays. Elle est le plus ancien des jeux nationaux et n’a quasiment pas changé au fil des siècles,

Partout sur la planète, dans chaque culture, il y a toujours eu le combat singulier, d’homme à homme. Dans la Grèce antique, avant l’ère chrétienne, on s’intéressait énormément au développement physique de la jeunesse : à cette époque déjà la lutte était considérée comme un excellent moyen d’éducation ; elle était enseignée dans les écoles.
En Suisse, nous ne savons pas précisément où et quand notre lutte nationale a débuté mais nous l’estimons dans les années 1500. Nous savons seulement de manière certaine qu’elle est pratiquée depuis des siècles dans les vallées alpestres de l’Oberland et dans les régions montagneuses de l’Emmenthal, de l’Entlebuch et de la Suisse centrale. Elle a débuté dans ces régions car c’était le seul moyen pour ces bergers de mesurer leur force entre eux. Puis ils commencèrent à organiser, à intervalles réguliers et à des dates déterminées, des concours de lutte suisse et de jets de pierre entre différentes vallées alpestres.

Au début, ces concours ne se passaient que dans les vallées et seuls les bergers luttaient. La cause en était que les autorités politiques et religieuses des villes les condamnaient en considérant ce sport comme source de désordre à cause de l’ambiance populaire qui y régnait.

Au début des années 1900, les citadins ont commencé à participer à ces concours. C’est pour cela qu’il y a 2 tenues différentes :
              -Berger     : Chemise claire et pantalon foncé.
              -Gymnaste : T-shirt blanc et pantalon blanc.

Jusqu’à cette date, la lutte s’apprenait de père en fils. Puis on créa des clubs dans toute la Suisse. En valais, de nos jours, il existe 6 clubs actifs de lutte à la culotte :
              -Illarsaz
              -Troistorrents
              -Martigny
              -Charrat
              -Bramois
              -Savièse

Ces lutteurs se rencontrent une dizaine de fois par saison d’avril à septembre. Les meilleurs sont sélectionnés pour participer à la célèbre fête fédérale afin de conquérir le titre de « Roi de la lutte ». Celle-ci a lieu tous les 3 ans. C’est la principale rencontre qui mélange tous les lutteurs des cinq grandes associations suisses (ass. Romande, Bernoise, de Suisse centrale, du nord-ouest et du nord-est).

Les règles
Le jury est composé de 3 arbitres. Un sur le rond à l’opposé des 2 autres qui sont assis à une table à côté du rond.

Le combat se déroule sur un rond de sciure mesurant 9m de diamètre environ.

Les 2 lutteurs sont appelés un peu avant leur tour, de sorte qu’ils puissent s’échauffer et ils enfilent chacun une culotte. Puis, quand vient leur tour, ils entrent sur le rond. L’arbitre ordonne de prendre les prises. Les lutteurs se serrent la main et s’empoignent. Puis il dit : « Tendez-vous,…bon ! », à ce moment précisément la lutte débute. La passe (le combat) dure en général environ 5 à 6 minutes.


Pour gagner, il faut renverser l’adversaire sur les 2 épaules en tenant toujours la culotte au minimum avec une main. Si les prises sont lâchées ou les lutteurs sortent du rond, l’arbitre stoppe le combat et ordonne de reprendre au milieu.

Certains affrontements se terminent  après 10 secondes.  Si le temps est écoulé et qu’il n’y a pas de vainqueurs, on dit la passe « nulle » (égalité).

En plus du résultat, le combat est noté en fonction de la manière de lutter :
                   Gagné :        9.75 ou 10
                   Nul :            8.75 ou 9
                   Perdu :         8.50 ou 8.75

Une fête se compose de 6 passes. Entre chacune d’elles, il y a une pause d’environ 1 heure afin de laisser à tous les lutteurs le temps de s’affronter. Après chaque tour, on additionne les points et on remet 2 combattants qui ont les mêmes totaux. Puis à la fin de la journée, on  classe les résultats du meilleur au moins bon. Les lutteurs sont appelés un par un au micro. Les meilleurs sont couronnés et reçoivent leur prix.

La lutte se pratique dès l’âge de 8 ans avec différentes catégories suivant l’âge. Les jeunes qui ont les meilleurs résultats reçoivent une palme. Elle est l’équivalent d’une couronne chez les adultes.


Les prises
Le kurz
Le kurz est probablement le coup le plus ancien et le plus utilisé. Il doit être exécuté en pleine concentration, avec force et dynamisme. Le lutteur feinte en faisant semblant de partir sur sa gauche, puis il glisse sa jambe gauche au milieu de celles de son adversaire, il le soulève à soi en le serrant et le bascule sur sa droite en pivotant sur son pied droit. L’adversaire tombe directement sur les épaules.


Le tour de hanche
Le tour de hanche ressemble beaucoup au kurz. Mais il demande moins d’efforts dans les bras car le mouvement se fait par un effet de levier avec le corps. Il s’exécute des deux côtés. Le lutteur pivote sur ses pieds, glisse ses hanches à l’intérieur de son adversaire, le décolle en donnant un coup de rein vers le haut. Il tire sur son bras et l’envoie sur le dos.

Le saut croisé 
Le saut croisé est une des prises les plus faciles. Elle est similaire au « croche-patte » que les enfants se font dans la cour d’école. Le lutteur feinte sur sa droite, puis il se retourne d’un coup sec sur sa gauche en allant crocher à l’intérieur de la jambe droite de son adversaire. Il pousse avec le haut du corps et le bascule sur sa gauche.

Le brienz
Le brienz est le plus souvent utilisé par des lutteurs d’un poids léger ou moyen. C’est une prise qui demande énormément d’entraînement. Il peut se tirer du côté droite, comme du côté gauche. Le lutteur se serre contre son adversaire, il glisse sa jambe gauche à l’intérieur des jambes de son adversaire, croche avec le pied. Il lève la jambe ainsi que celle se son adversaire et baisse son buste en même temps, il pique du nez puis le renverse au dos.

Le gammen
Le gammen est une prise utilisée par ceux qui ont un avantage autant bien en force, qu’en poids. Le lutteur rejoint les deux mains dans le bas du dos son adversaire. Il le serre afin qu’il soit plaqué contre lui et en déséquilibre. Puis il croche avec sa jambe gauche à l’extérieur en tirant celle de son adversaire vers l’arrière, ce qui le fait basculer directement sur les épaules.

 

Les prix
A la fin de la fête, le jury appelle au micro les lutteurs dans l’ordre, les meilleurs 20% des combattants sont couronnés. Ils prennent leur feuille de résultats puis vont s’agenouiller devant les demoiselles d’honneur. Elles sont vêtues d’un habit traditionnel. L’arbitre ordonne le couronnement et les demoiselles leur posent sur la tête cette couronne de lauriers. Les lutteurs se lèvent et font la bise aux demoiselles. Puis ils se dirigent vers la table des prix. Ils passent un après l’autre et choisissent le prix qui leur plaît le plus.

Pendant ce temps, l’arbitre fini d’appeler le reste pour qu’ils aient chercher leur prix.

La table comporte énormément de prix en nature ; dans les plus belles fêtes, on y trouve des animaux (vaches, chevaux, chèvres,…), du mobilier (chaises, tables, armoires, bahuts,…), des fontaines, des bassins…

Il y a aussi des autres sortes de prix ; des vélos, motos, des caisses à outils, des skis et pleins d’autres choses encore. 

Etre couronné est un immense honneur pour tous ceux qui le sont. Ils représentent les meilleurs et sont respectés par quiconque suit la lutte. A chaque fête, ils commencent le premier combat entre eux. Pour atteindre ce résultat, il faut obligatoirement battre au minimum un couronné dans la journée. Certaines couronnes ont plus d’importance que d’autres en fonction de la grandeur de la fête (fédérale, romande, cantonale). 


La Fête Fédérale
La fête fédérale est la plus importante des fêtes, elle mélange les lutteurs de toute la Suisse. Elle se déroule chaque 3 ans.Celle d'Aarau a rassemblé rien qu'à l’intérieur du stade 43’000 spectateurs environ, sans compter les personnes autour qui suivent les passes sur les écrans géants. Une grande  majorité de ces spectateurs sont des Suisses allemands puisque ce sport a beaucoup plus de succès chez eux qu’en Suisse romande. C’est la seule fête qui se déroule sur 2 jours.

Pour participer, ces lutteurs sont sélectionnés d’abord dans leurs associations. A cette fête, il n’y a pas de faible, seul les meilleurs arrivent à y aller. En Romandie, 30 lutteurs se sont sélectionnés. En tout, ce sont pas moins de 350 combattants qui étaient présents.

Le premier jour, chaque lutteur s’affronte 4 fois. A la fin de cette journée, on fait une première sélection. Les moins bons sont éliminés. Le deuxième jour, après la sixième passe, on refait un tri et seuls les meilleurs sont sélectionnés pour lutter les passes finales.

Puis la passe finale décide du vainqueur qui est proclamé « Roi de la lutte ». Cette année, c’est Jörg Abderhalden (St-Gall) qui l’est pour la 3ème fois de sa vie et il est en train de devenir le plus grand lutteur de tous les temps.

Quand on assiste à ce genre de manifestation, ce n’est pas comme ces petites fêtes régionales qui attirent peu de spectateurs. Là on se retrouve plongé dans un autre univers où le folklore domine tout le reste.
Conclusion
La lutte à la culotte qui apparut dans les vallées alpestres de l’Oberland et de
l’Emmenthal est le plus ancien des jeux nationaux suisses. Les règles et les prises n’ont pas changé. Certains prix sont identiques et d’autres sont venus s’ajouter à la liste.

La lutte est toujours accompagnée lors de ses fêtes de cors des alpes, de yodleurs, de lanceurs de drapeaux. Une ambiance folklorique domine la fête. Tous les lutteurs, bien qu’ils soient adversaires sur le rond, sont tous amis en dehors des combats. On peut les comparer à une grande famille.

En pratiquant ce sport, ils contribuent aussi à la conservation de nos traditions qui a tendance à se perdre de nos jours.



Directives du chef technique de l'ARLS